La démarche investie par le Centre National de Ressources Laplane depuis de nombreuses années.
Le CNR Laplane a formalisé une démarche d’accès au langage. C’est une démarche de communication alternative et améliorée (CAA). Son approche est ancrée dans la confiance réciproque, une reconnaissance mutuelle qui comprend le crédit accordé à la personne d’avoir des choses à partager. Il ne s’agit donc pas de mettre en place une simple méthode, mais également de faire partager une manière d’être qui s’appuie sur une conception de l’échange avec une personne en grande difficulté de communication notamment sur le plan réceptif. Elle s’ancre avant tout, sur une pédagogie de l’observation et du questionnement et est soutenue par une palette d’outils pédagogiques (dessins situationnels, signes de la LSF, pictogramme,…).
Lire un extrait:
INTRODUCTION
« La démarche que nous présentons dans ce livret a été élaborée il y a une trentaine d’années
par les professionnels d’un établissement qui accueillait des enfants pluri-handicapés sourds ou
non-sourds présentant de sévères troubles de développement du langage et des apprentissages.
Sous l’impulsion du Docteur Monique Dumoulin, fondatrice et première directrice de
l’établissement, des pratiques originales concernant l’investigation des troubles comme leur prise
en charge ont été élaborées. La mise en évidence des troubles et de leurs interactions ainsi que
celle des compétences que l’enfant avait déjà pu développer permettaient, sur la base du profil
fonctionnel obtenu, d’élaborer un projet linguistique personnalisé. Sa mise en œuvre nécessitait
l’utilisation de supports visuels par système augmentatif. Cependant les besoins de certains
enfants se situaient bien en amont d’une aide à la structuration linguistique proprement dite.
Partant des situations et des rencontres qui se présentaient dans le courant de la vie quotidienne
comme lors de l’ensemble des activités que les enfants pratiquaient, il fallait avant tout aider ceux ci à élaborer les représentations mentales relatives à leurs expériences de vie. Or, les systèmes
pictographiques qui existaient alors nous paraissaient peu adaptés aux aspects informels de
rencontres et d’activités devant être médiatisées « in vivo ». Il était par exemple indispensable
que les supports soient créés rapidement, « à la main », de façon à accompagner les échanges en
français oral ou en LSF sans en altérer la fluidité.
En 1998, le Centre national de ressources national Robert Laplane a ouvert ses portes. Deux
populations, relevant chacune du Handicap rare, lui étaient confiées: enfants et adolescents sourds
avec déficiences associées et enfants et adolescents dysphasiques avec déficiences associées.
Plusieurs critères concouraient à la définition du Handicap rare, dont l’un, la rareté de l’expertise,
mettait en avant la nécessité de développer des protocoles de remédiation originaux. Certains
professionnels du Centre de ressources, notamment les deux premières directrices, avaient déjà
exercé au Centre pour enfant pluri-handicapés. La diffusion des démarches développées au Centre
pour enfants a ainsi très rapidement constitué l’un des objectifs prioritaires de l’équipe. Encore
aujourd’hui, leur transmission auprès des professionnels ainsi que des parents compte parmi les
missions essentielles du Centre de ressources Robert Laplane.
Mais comment transmettre un savoir-faire qui s’est développé peu à peu, pour ainsi dire
« naturellement », qui s’est nourri des échanges tissés entre les professionnels, les enfants et
les parents et qui a pris tout son sens dans les aspects informels et imprévisibles de la rencontre
entre deux personnes ? Comment transmettre une pratique qui, même si elle prend appui sur
la création de supports divers – objets symboliques, dessins schématiques et pictogrammes –
n’est pas fondée à les utiliser comme une fin en soi en les substituant au langage oral ou signé
mais plutôt comme des médias accompagnant le langage ? Comment transmettre une démarche
dont l’essence est de s’adapter à la situation de handicap particulière de chaque enfant, au projet
linguistique élaboré pour lui?
L’originalité de la démarche tient avant tout au positionnement adopté par le professionnel. Il n’applique pas de façon rigide les règles d’une méthode mais recherche au contraire, par tâtonnements, les outils et les modalités qui vont lui permettre d’accéder au monde intérieur de son interlocuteur. Pour ce faire, il doit être convaincu que celui-ci a des pensées, des rêves et des émotions, qu’il en fasse part à l’enfant, quitte à se tromper. S’instaurera ainsi un dialogue qui permettra à la personne en situation de handicap d’imaginer à son tour ce que l’autre pense ».
Ce livret a été réalisé par Elisabeth Lasserre, référente scientifique au Centre de Ressources et par Laure Helleringer, ancienne orthophoniste au Centre Daviel.
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Éditions Laplane
Imprimé en mars 2020 par les élèves de l’INJS de Paris.
ISBN 978-2-9562287-3-8