Une équipe de professionnels qui, au-delà de leur métier d’origine, construisent par l’expérience partagée au Centre national de ressources leur nouveau métier.
Les métiers des professionnels du centre Robert Laplane ne se réduisent pas à ceux correspondant à leur qualification initiale. Ils se caractérisent, d’une part, par la connaissance des problématiques de handicap présentées par les populations de jeunes auxquelles s’adresse le Centre de ressources, et, d’autre part, par le développement de compétences à transmettre des savoirs et des savoir-faire acquis.
Claire DAVALO
Directrice
«Traduire et mettre à la portée de tous les savoirs, savoir-faire et savoir-être au bénéfice de l'amélioration des accompagnements»
Créer, développer, échanger, débattre avec une équipe de personnes passionnées et engagées : tel est l’état d’esprit qui nous anime au Centre de ressources Robert Laplane. Car en tant que Directrice, je conçois mon rôle autour de l’animation de la réflexion collective sur nos différents champs d’expertise : la diffusion des connaissances sous toutes ses formes, le développement des compétences, la co-construction de projets avec des acteurs d’horizons différents, l’ouverture (au niveau européen notamment) pour découvrir ce que chacun a développé à partir d’une problématique commune et d’approches et cultures différentes. Avec, pour fil rouge permanent : le soutien à l’autodétermination des personnes en situation de handicap.
En tant que Centre national de ressources handicaps rares, nous sommes sollicités pour les situations les plus complexes, souvent ignorées, et pour lesquelles les professionnels qui interviennent dans le parcours sont peu valorisés. Nos missions visent à traduire et à mettre à la portée de tous les savoirs, savoir-faire et savoir-être au bénéfice de l’amélioration des accompagnements. Nous nous attachons aussi à créer des ponts entre les différents acteurs du champ de la recherche, de la formation, des associations de familles, des pouvoirs publics, à « être des passeurs » entre ces différents mondes.
Aujourd’hui, j’inviterais les professionnels à sortir du quotidien de leur activité pour rejoindre d’autres pairs au sein de communautés de pratiques. Je crois profondément aux bénéfices de ne pas rester isolé face aux situations complexes et de nourrir sa réflexion par les regards croisés, le questionnement et le partage d’expériences avec d’autres professionnels. Le Centre Robert Laplane anime plusieurs groupes de pratiques : découvrez-les et rejoignez-nous !
Enfin, c’est aux familles concernées par le handicap que je souhaiterais m’adresser. Mon parcours professionnel aux côtés d’enfants et de jeunes sourds m’amène à vous suggérer un conseil. Tout d’abord, celui de repérer dans votre entourage des personnes ressources qui croient autant que vous dans les compétences de votre enfant. Convaincus de tous ces potentiels à révéler, je vous inciterais ensuite à rejoindre d’autres familles au sein d’associations pour collectivement construire des projets et, ainsi, contribuer à faire évoluer le regard de la société sur le handicap.
Car comme le disait Léon Gambetta : « Ce qui constitue la vraie démocratie, ce n’est pas de reconnaitre des égaux, mais d’en faire ».
Sylvie LENORMAND
Directrice adjointe
«Etre facilitateur pour proposer un cadre de réflexion et d’appui sécurisé aux professionnels»
Si je n’ai rejoint que récemment l’équipe du Centre de ressources Robert Laplane, c’est une équipe que j’ai rencontrée il y a presque 15 ans maintenant et avec laquelle j’ai eu grand plaisir à travailler, emmaillée de belles expériences parmi lesquelles j’ai choisi d’évoquer celle-ci : au sein de l’établissement que je dirigeais, nous étions dans l’impasse concernant un jeune garçon sourd profond qui présentait un retrait relationnel majeur. A notre demande, une professionnelle du Centre Laplane est venue pour observer cet enfant qui s’est véritablement « animé » en découvrant un matériel qu’elle lui proposait. Ce fut un moment magique et le début de très nombreux progrès pour ce petit garçon. Cette expérience m’a confortée dans l’idée qu’il ne faut jamais arrêter de chercher.
Aussi, chercher et créer sont certainement mes principaux leviers de motivation aujourd’hui. Forte d’un double parcours en tant que Psychologue du développement et Cadre de direction, je reste en quête d’apprendre et d’apporter ma contribution à l’équipe pour modéliser, formaliser et transmettre des années d’expériences, de savoir faire et d’expertise autour des situations individuelles ou institutionnelles complexes. L’expertise clinique conjuguée au sens de l’analyse stratégique sont des dimensions qui s’alimentent l’une l’autre en permanence dans mon activité avec, pour point commun, l’analyse systémique à l’œuvre dans les deux champs.
« Chaque difficulté doit être l’occasion d’un progrès nouveau » : si ces mots appartiennent à Pierre de Coubertin, ils sont source d’inspiration pour nous tous au Centre national de ressources Robert Laplane. Je conçois en effet notre rôle comme facilitateur pour proposer un cadre de réflexion et d’appui sécurisé aux professionnels qui nous sollicitent. Ce cadre est un prérequis indispensable pour pouvoir mettre au travail les éléments en jeu au moment de la sollicitation, permettre un nouvel éclairage sur la situation et co-construire les réponses adaptées.
Elisabeth LASSERRE
Référente scientifique
«Comprendre les mécanismes neurophysiologiques sous-jacents au comportement et au langage»
Au moment de la création du Centre de ressources Robert Laplane en 1998, j’avais déjà travaillé avec le Dr Monique Dumoulin qui était sa première directrice : comme psychomotricienne au Centre pour enfants pluri-handicapés de la rue Daviel qu’elle dirigeait alors, et des années auparavant en collaboration avec elle au sein de l’IME de Chevreuse qui accueillait des enfants sourdaveugles. J’ai par la suite naturellement accepté le poste qu’elle me proposait au sein du Centre de ressources Robert Laplane
Avec les enfants sourdaveugles, comme plus tard avec les enfants sourds présentant des déficiences associées, j’ai été confrontée à la nécessité de rechercher les voies d’accès à leur univers intérieur grâce aux modalités sensorielles qui étaient chez eux, au moins en partie, préservées. Je me suis alors progressivement passionnée pour les liens étroits existant entre développement sensori-moteur et accès à la communication et au langage. Par besoin de comprendre à la fois les mécanismes neurophysiologiques sous-jacents au comportement et au langage de ces enfants ainsi que les intrications de ceux-ci avec leur histoire et leur environnement, j’ai entrepris un mastère de neuropsychologie du développement, précédé d’une maitrise en sciences du langage.
Au cours de ces vingt dernières années et aujourd’hui encore, mon travail au Centre de ressources m’a permis d’approfondir cette compréhension, grâce aux échanges avec mes collègues toujours fructueux, grâce aussi à tout ce que les familles, les professionnels, les personnes en situation de handicap elles-mêmes m’ont apporté. La réflexion qui a découlé de ces échanges a progressivement nourri et conforté l’aide que je pouvais apporter aux familles et aux jeunes en situation de handicap.
L’observation de nombreux enfants ainsi que, pour certains, le jalonnement au long cours de leur parcours ont continuellement entretenu le besoin de confronter expérience et réflexion théorique. C’est pourquoi, être ressource aujourd’hui consiste également à placer la formalisation des connaissances acquises et leurs transmissions au cœur de mon action de professionnel « ressources ».
Aurélie BOIJEAU
Attachée administrative
«Voir ensemble et au-delà des personnes ... tel est notre engagement et motivation au sein de l'équipe !»
Voir ensemble et au-delà des personnes … je crois que ces quelques mots expriment ce qui constitue notre motivation et notre engagement collectif au sein de l’équipe du Centre de ressources Robert Laplane.
Car depuis près de 20 ans maintenant, j’ai la chance de faire partie d’une équipe dynamique, en questionnement permanent autour des situations des jeunes en situation de handicap rare pour lesquels nous sommes sollicités et c’est une véritable richesse au quotidien.
A mon niveau, j’espère contribuer à apporter ma « petite pierre à l’édifice » en m’attachant à accorder une qualité d’écoute à chacun, tant pour les professionnels que pour les familles. Car c’est bien ce contact privilégié avec les familles, avec les personnes en situation de handicap rare elles-mêmes et les professionnels d’établissements partenaires qui apporte ce « supplément d’âme » aux activités administratives que je gère.
Au cours de ces années, l’un des événements qui m’a le plus marquée est certainement ma rencontre avec la Langue des signes française et la découverte du monde des sourds. Je me souviens avoir réalisé à quel point l’utilisation d’une communication alternative est essentielle pour permettre à chacun d’exprimer qui il est. J’ai très vite ressenti une attirance pour la LSF. Et, aujourd’hui, je me sens à l’aise pour communiquer avec des personnes qui utilisent la langue des signes, même en dehors du cadre professionnel. Un véritable enrichissement personnel que je dois au Centre de ressources et toutes les personnes qui contribuent à le développer !
Marie-Noëlle VIGNERON
Documentaliste
«J'ai la chance de faire partie d'une équipe dynamique, très investie et porteuse de projets variés sur le territoire et au-delà ...»
Documentaliste au Centre national de ressources Robert Laplane depuis septembre 2019, je participe au développement de son centre de documentation en étroite collaboration avec le réseau documentaire Handicaps Rares.
Mes missions s’articulent principalement autour de la recherche documentaire, du traitement et de la diffusion d’informations. Je contribue également à l’actualisation du site internet pour diffuser et partager le plus largement possible l’expertise du Centre dans le champ du handicap rare.
Mes connaissances autour du handicap rare sont plurielles : en effet, je travaille également au sein du CNRHR La Pépinière (Lille) où je participe, entre autres, au déploiement d’une plateforme collaborative autour des troubles neurovisuels, des troubles du spectre autistique et de la déficience visuelle.
Grâce au partenariat entre ces deux Centres nationaux de ressources handicaps rares, La Pépinière et Robert Laplane, j’ai la chance de faire partie d’une équipe dynamique, très investie et porteuse de projets variés sur le territoire et au-delà.
« Être ressource » ? C’est une grande satisfaction au quotidien que de pouvoir apporter des réponses concrètes à une problématique rencontrée par l’équipe, nos partenaires ou les familles elles-mêmes. Aussi, j’apprécie tout particulièrement la devise « Je sème à tout vent » des Editions Larousse. Elle évoque les liens forts que l’équipe noue avec les personnes qu’elle accompagne et symbolise bien l’idée de transmission et de partage de compétences au cœur de notre projet collectif.
Rachilde BENELHOCINE
Enseignant de LSF et orthosigneur
«L’important est de trouver le bon canal, le bon chemin pour permettre à l'enfant de se développer et de se construire»
Au-delà de mon rôle de formateur/enseignant de LSF, je suis profondément attaché à la liberté d’expression individuelle de la personne, sans nécessairement suivre des règles imposées. Laisser émerger ce que la personne sourde veut exprimer me semble primordial. J’ai observé que peu d’espaces individualisés existent pour les élèves sourds. Aussi, dans ma pratique professionnelle, je privilégie les interactions dans un cadre individuel car, une fois cette étape franchie, il devient dès lors plus aisé pour la personne sourde de trouver sa place et de « prendre la parole » dans un espace collectif.
En tant que professionnel du Centre de ressources Robert Laplane, je m’intéresse à de nombreux domaines : la linguistique, le langage, la pédagogie supervisée, la didactique … Et, je considère qu’être ressource consiste à recenser tous les moyens qui existent autour de la communication et au niveau pédagogique afin de contribuer à diffuser un maximum de connaissances et de compétences autour des outils adaptés spécifiques. Car quelles que soient les difficultés de la personne, je me dois de la respecter dans son expression spontanée et de la soutenir pour qu’elle puisse développer sa propre communication avec autrui. Je suis convaincu que chacun peut évoluer et développer son langage, si tant est que la personne soit respectée et comprise dans sa spécificité.
Plusieurs expériences marquantes illustrent cette conception de ma pratique et de mon positionnement professionnels. Je me souviens par exemple de ce petit garçon sourd qui présentait une forme d’autisme. Un jour, son père est venu assister à la séance que je proposais à son fils. J’ai alors initié la conversation en demandant au jeune garçon de me raconter ses vacances. Le père s’est soudainement retrouvé envahi d’une profonde émotion lorsqu’il a constaté que son fils était en capacité d’évoquer des moments passés en famille. C’était la première fois ! J’ai alors expliqué à ce petit garçon que son papa serait lui aussi content de pouvoir partager des émotions avec lui au travers d’un échange en LSF. Les dessins situationnels dans le cahier de vie étaient un support d’échange indispensable pour évoquer et travailler le langage. Le travail individuel avait permis d’ouvrir les échanges sur la scène familiale. Partir de l’individuel pour favoriser l’expression face à un collectif…
De nombreux tests peuvent permettre de mieux comprendre le fonctionnement d’une personne pour mieux apprendre. J’encourage donc les professionnels à solliciter l’équipe du Centre Robert Laplane sans attendre pour identifier plus finement ce qui entrave la personne dans sa communication.
Pour finir, je souhaiterais m’adresser aux familles en les invitant à privilégier l’accès aux apprentissages. L’important est de trouver le bon canal, le bon chemin pour permettre à l’enfant de se développer et de se construire. C’est l’objectif que nous poursuivons tous au Centre de ressources Robert Laplane !
Voilà plus de 20 ans que je travaille au Centre de ressources Robert Laplane et mon émerveillement reste intact chaque fois que des compétences se dévoilent soudainement chez des personnes que nous accompagnons et devant le courage dont elles font preuve pour progresser.
A l’époque, alors chef de service dans une Section d’éducation et d’enseignement spécialisé, j’avais été impressionnée à la lecture de bilans fonctionnels d’enfants sourds réalisés par l’équipe du Centre de ressources dirigée par Monique Dumoulin. J’ai ressenti le besoin de retrouver le terrain en tant qu’orthophoniste et suis donc allée proposer mes services au Dr Dumoulin.
Aujourd’hui, faire partie de l’équipe du Centre de ressources, ce n’est pas tant se considérer comme un réservoir de connaissances pédagogiques que comme un creuset où se façonnent de nouveaux outils à partir de matériaux glanés et recombinés. Car personnellement, je place mon expertise du côté de la création d’outils de remédiation pour contourner les obstacles à la communication. J’ai développé un intérêt singulier pour tout ce qui concerne la CAA – communication alternative et améliorée. Repérer les ressources dans les lieux où je suis appelée à intervenir, les analyser, les comparer, les confronter à la théorie, les adapter avant de les « colporter » ailleurs pour en expérimenter des versions toujours renouvelées : voilà ce qui me passionne. Découvrir encore et toujours des situations nouvelles qui offrent un terrain fertile à ma créativité, au risque d’être considérée comme la « MacGyver » de l’équipe : « to improvise an ingenious solution using whatever is available at hand« 1…
Car plus j’avance, plus je suis persuadée que c’est la personne en situation de handicap elle-même qui détient les clés de ce qui pourra l’aider. Mon rôle à ses côtés ? Avoir la disponibilité d’esprit et l’ouverture pour découvrir ces leviers grâce à une observation attentive. Je me vois comme un catalyseur sur le chemin de l’autodétermination pour ces personnes …
Pour finir, c’est aux familles concernées par le handicap que je souhaiterais m’adresser en les encourageant à regarder leur enfant tel qu’il est, unique et incomparable. Ne pas le comparer si ce n’est à lui-même, au fil du temps. Car le regard que l’on porte sur chaque enfant peut beaucoup !
Véronique LE RAL
Orthophoniste
« "Embarquer" les professionnels dans l'envie de réfléchir ensemble et d'enrichir notre cheminement»
Voilà plus de 20 ans que je travaille au Centre de ressources Robert Laplane en tant qu’orthophoniste. Et je pense à tous ces moments de rencontre avec les enfant/adultes en situation de handicap rare qui découvrent le sens, qui mettent du lien entre ce qu’ils vivent et ce que l’on met en mot, en pictogramme ou en dessin, qui découvrent qu’ils ont des choses à dire et des moyens pour les transmettre … Sans doute également ces moments au cours desquels les parents ou les professionnels partenaires réalisent que l’enfant/adulte a des choses à dire, même en étant démuni. Car quelles que soient les difficultés de la personne, cheminer avec elle pour découvrir et l’amener à développer son potentiel de communication et d’autonomie, partager avec intensité tous ces moments où elle nous surprendra : ce sont des expériences uniques et inoubliables.
Car en effet, au cours de mon parcours professionnel, je me suis rapidement passionnée pour l’accompagnement d’enfants sourds qui n’évoluaient pas comme nous pouvions l’espérer malgré une prise en charge adaptée, en entrant plus difficilement dans le langage et les apprentissages. A une époque où la notion de « handicap rare » n’existait pas encore, j’ai participé à la mise en place d’une réflexion sur une CAA1 innovante (le code pictographique Daviel) et le développement d’outils informatisés permettant aux enfants d’accéder au sens, de développer leur communication, leur langage, leur pensée. Passionnée par l’informatique et ses applications, une collègue et moi avons notamment mis au point une utilisation spécifique du logiciel Clicker pouvant servir au mieux les objectifs de développement de la pensée et du langage.
Aujourd’hui, l’une de mes principales motivations repose sur cette dynamique à créer pour « embarquer » les professionnels dans l’envie de réfléchir ensemble et d’enrichir notre cheminement. Encore et toujours requestionner sa pratique, détricoter, retricoter, adapter, modifier, innover ensemble …
Car l’expertise ne peut à elle seule exister sans avoir à s’interroger sur la manière de transmettre. J’ai longtemps réfuté le terme de formation considérant que j’étais davantage dans une transmission de savoir-faire en allant à la rencontre des personnes et des professionnels de terrain. A la suite de formations de formateurs et d’approfondissement autour du concept de formation-action, je crois être en mesure d’agir sur le terrain, en présence, pour ensuite accéder à un accompagnement plus théorique.
Au quotidien, l’équipe et moi-même sommes engagées dans cette quête de la rencontre avec la personne en situation de handicap rare. A nous de relever ce défi constant de la découvrir, de se comprendre, de s’adapter et d’innover.
Anne VOYNET
Orthophoniste
«Expérimenter, douter, partager avec l'équipe, comprendre, créer, et surtout ajuster le projet d'accompagnement en permanence»
Comment adapter l’environnement à une personne, enfant ou adulte, qui a quelque chose à dire sans en avoir les moyens ? C’est cette grande et vaste question autour de la communication qui m’a guidée tout au long de ces années dans mon activité d’orthophoniste au Centre de ressources Robert Laplane, ainsi qu’au Centre pour enfants pluri-handicapés Daviel dans lequel j’ai également exercé.
Depuis presque 30 ans, mon expertise clinique s’est forgée auprès d’enfants qui ne ressemblent à aucun autre et pour lesquels il me faut expérimenter, douter, partager avec l’équipe pluridisciplinaire, comprendre, créer, et surtout ajuster le projet d’accompagnement en permanence. Forte de toutes ces expériences passionnantes, et de ce savoir expérientiel, je considère aujourd’hui qu’être personne ressource s’exprime au travers de ma capacité, et du réel plaisir que j’ai, à transmettre diverses compétences nécessaires à la prise en compte d’une personne en situation de handicap rare.
Car cette prise en compte, fine et précise, est primordiale et détermine de nombreux axes dans mon travail au Centre Robert Laplane : acquisitions de nouvelles données scientifiques sur le plan médical et neuropsychologique, transmission d’une démarche hypothético-déductive, réflexions sur le diagnostic fonctionnel et propositions adaptées et évolutives de remédiations. La compréhension de la situation de l’enfant dans sa globalité permet souvent de soulever d’autres hypothèses et d’avoir un regard différent et partagé sur son accompagnement.
« L’important est de savoir ce qu’il faut observer » disait Edgar Allan Poe …
Aujourd’hui, j’ai conscience de la chance qui m’est donnée de travailler au sein de cette équipe dynamique, passionnée et animée par le souhait d’améliorer la situation de personnes en situation de handicap, ainsi que de transmettre son expertise aux professionnels et aux familles. Car c’est autour de ce partage que se construisent des liens forts entre les professionnels de la première heure et les derniers arrivés, riches d’autres expériences, au Centre Robert Laplane !
Anne-Claire BOUSSET
Psychomotricienne
«Je perçois l'accompagnement comme une démarche évolutive individualisée»
J’ai rejoint le Centre en tant que psychomotricienne afin de contribuer à améliorer l’accompagnement des personnes en situation de handicap rare en m’appuyant sur mon retour d’expérience, sur l’évolution des connaissances scientifiques et sur la richesse des échanges entre professionnels et aidants.
Mes principales motivations sont de mettre au service des personnes accompagnées mes connaissances et savoir-faire tout en continuant à les enrichir au contact des personnes accompagnées ainsi que de leurs aidants familiaux et professionnels. Je perçois l’accompagnement comme une démarche évolutive individualisée à chaque fois au cœur de la relation entre deux personnes. Chaque accompagnement invite à remettre en question ses pratiques et à les adapter ; c’est cela qui me motive chaque jour.
Au cours d’une petite dizaine d’années d’expérience dans le champ des Troubles du Spectre de l’Autisme, j’ai suivi de nombreux enfants et adolescents avec des difficultés parfois très importantes sur le plan de la communication. Chercher en équipe les moyens les plus adaptés pour permettre la compréhension et l’expression de ces enfants en lien avec leur profil sensori-psychomoteur m’a toujours passionnée. Intéressée par la recherche, j’ai réalisé un Master International de Psychomotricité avec pour objet une étude du lien entre les particularités sensorielles et la qualité des composantes psychomotrices de l’interaction.
Sensible aux questions bioéthiques liées à la vulnérabilité présente dans le handicap, j’ai suivi un DU de Bioéthique en réalisant une recherche sur la réciprocité relationnelle comme levier pour prévenir les risques de maltraitance et de burn-out chez les professionnels médico-sociaux. Convaincue de la nécessité de s’engager constamment dans une dynamique réflexive vis à vis de ses propres pratiques, j’exerce aussi en tant que coordinatrice pédagogique et formatrice dans le cadre du Développement Professionnel Continu pour les professionnels médico-sociaux.
« Être ressource », c’est actualiser ses connaissances et compétences en permanence pour enrichir et soutenir les réflexions concernant le projet de vie de chaque personne en mettant en valeur ses compétences et ses potentialités afin de co-construire de nouvelles pistes d’accompagnement. Les expériences qui m’ont le plus marquée sont des moments partagés avec des enfants accompagnés qui ont pu exprimer à leur manière de la fierté ou de l’émerveillement en se découvrant capable de nouvelles compétences. Solliciter le Centre de Ressources est une façon d’enrichir sa réflexion et sa pratique en partageant avec d’autres professionnels des expériences afin de co-construire une nouvelle façon unique d’accompagner une personne.
A toutes les familles, je souhaite d’avoir la certitude que chaque personne a en elle la capacité de s’épanouir et d’être heureuse, si elle est entourée et accompagnée par des personnes prêtes à oser créer avec elle son parcours de vie en s’appuyant sur ses compétences propres !
Camille VIVET
Psychomotricienne
«Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime
corporellement et nous devons déchiffrer tous ces signaux corporels»
Lors de mon stage de troisième année d’étude en psychomotricité dans un établissement parisien, j’ai eu l’opportunité de découvrir l’univers de la surdité et du handicap rare. La rencontre avec ces jeunes et la découverte de la Langue des Signes Française a été pour moi une véritable révélation, un coup de cœur professionnel qui a éveillé une passion pour cette forme de communication.
Après l’obtention de mon diplôme, j’ai naturellement choisi de travailler dans des établissements accueillant des enfants présentant le même profil. Depuis 2010, je suis restée fidèle à cet univers où le corps occupe une place centrale dans la communication.
En tant que participante du groupe de travail des psychomotriciens pendant plus de 10 ans, j’ai décidé de rejoindre l’équipe du Centre National de Ressources Robert Laplane en 2023 pour animer nos échanges. Ce groupe de travail réunit des psychomotriciens venant de toute la France et travaillant dans des établissements pour enfants et adolescents atteints de surdité, avec ou sans troubles associés. Nous partageons nos expériences et approfondissons nos réflexions théoriques dans une dynamique de travail bienveillante.
Un de nos objectifs est de faire reconnaître les troubles vestibulaires comme un véritable handicap dans la vie quotidienne et scolaire de l’enfant. Ensemble, nous élaborons un projet de soins visant à accompagner au mieux les jeunes dans leur bien-être psycho-corporel et leur relation avec leur environnement. Par l’intermédiaire du corps et du geste nous prenons en compte les jeunes dans toutes leur globalité. Nous nous efforçons également de guider les familles dans leur parcours et de répondre à leurs questionnements liés au handicap. Le psychomotricien joue un rôle central dans le travail pluridisciplinaire. Notre priorité quotidienne est d’accompagner ces enfants, ces adolescents et leurs familles.
Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime corporellement et nous devons déchiffrer tous ces signaux corporels.
Nicolas SENGMANY
Concepteur pédagogique
«Voir les yeux d’un apprenant s’éclairer à la compréhension d’une notion complexe est une grande satisfaction»
J’ai récemment intégré le Centre National de Ressources Handicaps Rares Robert Laplane en alternance en tant que concepteur pédagogique. Travailler dans le secteur du handicap m’offre l’opportunité de concevoir des environnements d’apprentissage où chaque individu, quelle que soit sa singularité, peut s’épanouir pleinement. Cela donne un supplément d’âme à mon métier, en rendant l’éducation accessible à tous.
Mes motivations résident dans ma passion pour la pédagogie, qui me guide dans la création d’environnements d’apprentissage dynamiques et engageants pour les apprenants.
Mon appétence pour l’e-learning se manifeste par une connaissance des technologies d’apprentissage numérique et une capacité à concevoir des programmes de formation en ligne interactifs et pédagogiquement efficaces.
J’aime cultiver une attitude bienveillante envers les apprenants, ce qui permet de créer un environnement sécurisant et propice à l’apprentissage, où les apprenants se sentent valorisés, écoutés et motivés à surmonter les défis.
Voir les yeux d’un apprenant s’éclairer à la compréhension d’une notion complexe est une grande satisfaction.
J’essaie de proposer des solutions et des explications pertinentes qui aident les personnes à comprendre et à résoudre leurs problèmes techniques. En adoptant cette approche, je m’efforce de créer un environnement d’apprentissage où les apprenants se sentent encouragés à poser des questions et à chercher activement des connaissances, renforçant ainsi leur confiance et leur indépendance.
Apprendre par le jeu est un art dont l’équilibre oscille délicatement entre le sérieux de la connaissance et la légèreté de l’amusement.
Emma GAVLOVSKY
Psychologue
«Partir des compétences de la personne au-delà de ses troubles est au cœur de mon travail»
J’ai rejoint le CNRHR Laplane avec enthousiasme afin d’apporter ma pierre à l’édifice de ses différentes missions. Le travail transdisciplinaire de « tissage » est primordial pour envisager un accompagnement qui tienne compte de la personne dans sa globalité, en lien avec son environnement.
Psychologue du développement de formation, mes différentes expériences notamment auprès d’enfants sourds avec ou sans troubles associés et dans le champ du polyhandicap m’ont amenée à explorer différents chemins et modes de communication possibles en l’absence de langage oral. Elles m’ont également amenée à me former au Bilan Sensori-Moteur. Prendre en compte les sous-bassement sensorimoteurs du développement psychomoteur, affectif et cognitif de la personne afin de mettre en évidence ses modes d’organisation ainsi que les moyens dont elle dispose pour interagir et communiquer avec son environnement.
Plusieurs souvenirs marquants sont autour de l’émotion de parents et/ou de professionnels face au déploiement de compétences et de possibles de la part de l’enfant (ou adulte). Partir des compétences de la personne au-delà de ses troubles est au cœur de mon travail afin de participer à changer le regard qu’elle porte sur elle-même ainsi que celui qui est porté sur elle. En ce sens, l’accompagnement de la famille et des professionnels qui entourent la personne en situation de handicap est essentiel.
« Être ressource », c’est la possibilité de représenter un « appui » au sens large. Grâce notamment à l’actualisation des connaissances scientifiques, en lien avec l’enrichissement de la pratique de terrain. Mais aussi la créativité dont nous devons faire preuve face à la spécificité de chaque situation rencontrée, ainsi que la remise en question des pratiques.
Pour les familles et les professionnels, solliciter le CNRHR, c’est d’abord trouver une écoute et un soutien. C’est enfin élargir les possibles en permettant de faire se croiser d’autres regards sur des situations complexes dans un espace de co-construction, transmission de savoirs et bienveillance.
Marie SIMON
Neuropsychologue
«j’ai à cœur la compréhension globale de la personne et l’identification de ses forces et de ses intérêts comme leviers d’action aux interventions à lui offrir»
C’est un grand plaisir de retrouver le Centre National de Ressources Handicaps Rares Laplane après un bref passage il y a une dizaine d’années. De cette période, je suis empreinte par la transversalité des compétences au sein de l’équipe, la vision pionnière des troubles associés à la surdité et au trouble du langage, mais par-dessus tout, le dévouement et la créativité déployés au service de toutes les personnes en situation de handicap, leurs familles et les professionnels qui sont accompagnés par l’équipe du CNRHR Laplane. Je suis honorée d’apporter ma pierre à l’édifice et de travailler auprès d’une équipe dynamique et si inspirante.
Mon parcours se caractérise par plusieurs années en qualité de neuropsychologue auprès d’enfants et d’adolescents présentant une surdité, un trouble du langage, ainsi que divers troubles neurodéveloppementaux, tels qu’un trouble du spectre de l’autisme ou des troubles des apprentissages. Dans mon travail de clinicienne, au-delà des évaluations à visée diagnostique, j’ai à cœur la compréhension globale de la personne et l’identification de ses forces et de ses intérêts comme leviers d’action aux interventions à lui offrir. En parallèle, mes études universitaires de Master II en neuropsychologie (Université Libre de Bruxelles), puis la réalisation d’un Doctorat en neuropsychologie clinique (Université de Montréal) m’ont permis de réaliser plusieurs recherches portant sur le langage écrit chez les enfants sourds implantés, mais aussi sur l’impact de la déficience auditive sur la réorganisation cérébrale. Ces travaux ont tous fait l’objet de publications au sein de revues scientifiques internationales. Ce cheminement de clinicienne-chercheuse m’assure le désir constant d’actualisations des connaissances scientifiques et des meilleures pratiques cliniques pour les mettre à profit dans ma fonction de ressource.
« Être ressource » représente la chance d’accompagner, de soutenir, de collaborer, d’apprendre, d’essayer, de réfléchir et de trouver les meilleurs chemins pour ces personnes, leurs proches et les professionnels qui les entourent. D’après Helen Keller : « Seuls, nous pouvons faire si peu ; ensemble, nous pouvons faire beaucoup ». Ces mots sont inspirants et démontrent de l’importance de mobiliser toutes les énergies et les savoir-faire pour que la personne en situation de handicap puisse s’exprimer et déployer ses compétences.
Au cours de ma pratique, j’ai vécu de multiples moments marquants auprès d’enfants sourds et de leurs parents. L’un des plus marquants est probablement celui d’avoir accompagné une petite fille sourde de sept ans qui refusait d’aller à l’école. Mieux comprendre son profil neurodéveloppemental, ses forces et son appétence pour la langue des signes, nous ont permis, avec la famille, l’équipe de rééducation et l’école, de réorienter cette enfant dans un établissement scolaire adapté. Ses progrès fulgurants, son désir de communiquer avec ses pairs et d’entrer dans les apprentissages avec plaisir, représentent un merveilleux souvenir au travers duquel mes missions et mes actions au quotidien prennent tout leur sens.
Les familles qui sollicitent l’équipe du CNRHR Laplane y trouveront du soutien, une écoute et un accompagnement individualisé, mais plus que tout, l’espoir d’un nouveau regard sur leur enfant ou la personne en situation de handicap basé sur une approche systémique et bienveillante du handicap rare.
Tout en mettant à disposition des personnes touchées par le handicap rare, de leurs familles et des professionnels, ses connaissances et son expertise, le Centre de ressources (qui a développé, à cet effet, une démarche d’intervention spécifique), a mené un travail de recherche sur les déficiences concernées, plus particulièrement sur les effets de leurs combinaisons et les conséquences qui en découlent. Pour construire ce savoir, l’équipe a mis progressivement en place une démarche clinique d’observation et d’investigation. L’examen des situations, leur analyse et la confrontation des observations recueillies avec les données scientifiques disponibles ont permis de construire de nouveaux savoirs. L’essor des neurosciences et de la neuropsychologie, les données récentes de la psychologie du développement et de la psychopathologie, constituent un moteur important dans cette démarche.
Aujourd’hui, la mutualisation des compétences, des savoirs et savoir-faire acquis est au cœur des préoccupations du Centre national de ressources Robert Laplane.